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Pier Paolo Pasolini

[...] Vint la Résistance, qui balaya
avec de nouveaux rêves le rêve des Régions
Confédérées du Christ, et son rossignol
doux-ardent...Aucune des passions
véridiques de l'homme ne se révéla
dans les paroles ni dans les actions
de l'Eglise. Bien au contraire, gare à qui ne peut s'empêcher d'être neuf pour elle! De lui
faire don naïvement de tout
cet ondoiment en lui comme une mer
de trop brûlant amour.
Gare à celui qui veut, plein d'une joie vitale,
servir une loi qui n'est que douleur!
gare à celui qui, plein de douleur vitale,
fait don de sois à une cause qui ne vise
qu'à défendre le peu de foi qu'il reste encore
pour enseigner la résignation au monde!
Gare à celui qui croit qu'à l'élan du coeur
l'élan de la raison doive répondre!
Gare à celui qui ne sait se sentir misérable
en mesurant dans l'âme les noirs
calculs de l'égoïsme, et la raillerie
qui persécute les follies de la pitié! Gare à celui qui croit
-par candeur, plutôt que par foi-
que notre histoire, à son origine éternelle,
est restée suspendue, tout comme le soleil
du rêve; ignorant que l'Eglise
est l'héritière de tout siècle créateur,
et qu'en défend les biens institués
l'horrible grisaille animale
qui chasse en l'homme la lumière des ténèbres!
Gare à qui ne sait qu'est bourgeoise
cette foi chrétienne, en l'espèce
de tout privilège, de toute réddition,
de tout esclavage; que le pêché
n'est autre chose que le délit de lèse
certitude quotidienne, haï
par crainte et par stérilité; que l'Eglise
n'est que le coeur impitoyable de l'Etat.